Introduction: A propos du langage des fleurs.
INTRODUCTION
Au temps où les fleurs avaient la parole, y avait-il moyen plus délicat d'exprimer une pensée secrète que l'offrande d'une simple fleur ou d'un bouque composé?
Objet de "Culture" au double sens du jardinage et de l'art, le langage des fleurs substituait feuillages et corolles au vocabulaire des sentiments.
On croit qu'il a pris naissance dans les harems orientaux, où les femmes, jalousement surveillées, ne disposaient d'aucun autre intermédiaire pour échanger les messages de l'amour défendu et échapper à la vigilance du sultan ou du vizir.
Harem
L'antiquité grecque et romaine avait présenté les fleurs, sous un jour un peu différent.
La mythologie les associait non pas à des sentiments, mais à des personnes, dieux, déesses, familiers de l'Olympe.
Les trois Grâces
Les thèmes se sont recoupés souvent, soit que les nymphes se changent en fleur pour échapper aux entreprises de tel ou tel dieu séducteur, soit que les épouses de ces derniers, jalouses, utilisent ce même moyen pour éliminer leurs rivales.
Vénus
Au Moyen-Age, la symbolique des fleurs se met au service de la pensée chrétienne. Elle met plutôt en scène des saints, des ermites, mis à l'épreuve par le démon, sous la forme de quelques monstres ou dragon, qu'ils doivent combattre physiquement.
Malgré les blessures reçues, l'élu de Dieu parvient à terrasser l'animal et chaque goutte de son sang tombées sur le sol, fait jaillir une fleur, généralement blanche, symbole de pureté.
jacinthe, née du sang de Hacinthe, tué par Zéphyr
De même, croisées ont apporté de Terre sainte, de nombeuses histoires issues de leurs combats et du sang versé auprès de la Croix.
Le culte marial, a donné à la Vierge Marie le qualificatif de "Rose mystique", tandis que les fleurs des champs recevaient un nom nouveau, en liaison avec les vêtements de Notre-Dame: tel le liseron 'bonnet de nuit de Notre-Dame, les digitales (Gants de Notre-Dame) et tout un catalogue de référence naïves et dévotes.
Vierge au buisson de roses
Les troubadours, donnent aux fleurs, une tonalité davantage profane, mais constamment fleurie.
Qu'on se souvienne des jeux floraux de Toulouse, s
ortes de joutes poétiques, récompensées par la "violette d'or" ou "l'égantine d'or".
violette d'or
La tradition populaire, en récits oraux ou en chansons, nous fait assister à de nombreux miracles végétaux qui suivent l'ensevelissement des couples d'amants:un chèvrefeuille comme sur la tombe d'Abélard et d'Héloïse,
chèvrefeuille
Abélard et Héloïse
ou un rosier. Ainsi prolifère et s'épanouit naïvement le merveilleux végétal.
A la Renaissance, la mythologie antique revient sur scène.Les poêtes de la pléiade, louent les fleurs, en particulier les espèces sauvages : paquerette, narcisse, giroflée, et bien sûr la rose, reine des fleurs:
"Mignone, allons voir si la rose"...
Mais ce fut en Angleterre que le langage des fleurs prit une extension inégalée à la suite du poête "Chancer", qui traduisit "Le Roman de la rose".
Un siècle plus tard ,Shakespeare fit appel dans de nombreuses pièces ,et dans ses sonnets ,à un code floral, dont l'élément le plus connu est le "bouquet d'Ophélie" dans Hamlet (romarin-pensées-fenouil et ancolie,rue,paquerette...)
Si ce code n'est plus en usage aujourd'hui, on peut tout de même observer que les surnoms poétiques donnés aux fleurs, en Angleterre, sont toujours vivaces : "holly hock" (crosse bénie) : rose trémière
"Lady's slipper" (pantoufle de dame) : orchidée etc...
Le XIXè siècle se reprit de goût pour la botanique imagée. De nombreux ouvrages rassemblèrent ou complétèrent les symboles encore en usage.
Que reste-t-il d'intelligible aujourd'hui :le sapin, le houx, le gui qui nous annoncent les joyeuses fêtes de fin d'année?
Le trèfle, à condition qu'il ait quatre feuilles, prometteur de chance...
Le muguet, gage de bonheur au premier mai...
Le chêne brodé d'or qui fait une guirlande sur le képi des généraux! C'est peu!
Alors que selon l'invitation: "dites-le avec des fleurs", nous en offrons de plus en plus, leur message caché est de plus en plus flou; marque d'amour, d'amitié, remerciement, sans préciser davantage.
Le retour à la nature, refuge contre le monde industriel, parviendra-t-il à remettre à la mode le langage des fleurs? Nul ne sait.
Et pourtant, comme il reste captivant ce parcours botanique, surtout lorque les poètes, fidèles amoureux de la nature, accompagnent de page en page le cheminement du lecteur.
- Les textes de ce blog "Langage des fleurs" de : "A" à "Z", sont issus de plusieurs livres de référence, et de renseignements pris sur internet.
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"Dans chaque branche de ces fleurs,
Des milliers de mots sont cachés"